Au départ

Au départ je suis un gentil jeune homme de bonne famille 
Numéro 2 sur 4 dans ma fraterie 
Destiné au travail, à la famille et la patrie
Mais à 20 ans sans aucun diplôme je suis parti 

J’atterri dans ma chambre de bonne de l’ouest Paris
C’est pas vraiment la rue, loin du ghetto, de la técis
Alors je me suis caché derrière ma casquette et mon baggy
Mais c’est pas vraiment moi un peu comme chantait Shagy

Non pas de pathos, je me sens bien avec mes cassos
Jeunes et passionnés on fait du rap avec mes assos
Une pieds le jeu, et l’autre dans la débauche
on y croit fort, on se cotise pour acheter du matos

Mais très vite je connais mes première grosses paniques 
Malgré les jobs alimentaire, je connais la famine
Je préfère garder ça pour moi, je dis rien à personne
Je fais le mort a chaque fois que ça sonne à l’interphone

J’ai fais mon choix, la vie d’artiste c’est parfois délicat,
Je me jette corps et âme dans T.R.I.P.T.I.K
La suite vous connaissez en autroprod, j’apprends le métier
Je sens que le monde est à mes pieds

Ma carrière a connu un grand coup d’accelerateur
Dj Pone, Double H, merci Cut Killer
J’oublie pas, je sais je dois beaucoup au rap français
Je sais carrément plus tellement sur quel pieds danser 



La trentaine approche, j’ai la femme, l’enfant et le foyer
Mon groupe a splité, je fonce tout droit pour ne pas me noyer
Faut faire bouillir la marmite, faut faire rentrer la fraiche
Le baggy sous les fesses quand j’arrive à la crèche

Je rêve toujours d’aventure d’une belle carrière solo
A part quelques mixtapes ici et là, je rap plus trop
Merci Disque Primeur pour avoir cru en moi
sur ma Gueule et ma propre personne, d’avoir misé sur moi

Même si j’en fait des tonnes a l’intérieur je fais pas le malin
Je me lève très tôt le matin, je suis toujours pas le nouveau poulain
Mon clip passe a la télé, ça plait aux gamines même aux collégiennes
Mais ça me va pas, alors je m’échape dans la nuit parisienne

Là où commencent les problème conjugaux et extra conjugaux
Plus je me sens marginal plus je traines avec les marginaux
Je suis pas fier de moi, je bois complètement dépité
On s’est beaucoup trompés, on a fini par se quitter



Bientôt la quarantaine, un peu perdu dans mon célibat
Un peu déçu par la vie et j’ai encore tout vidé le mini bar
La garde alternée se passe pas si mal mais je me sens coupable
Y’a 2 trousseaux de clefs quand je mets le gouter dans son cartable

Je veux plus être un artiste, je me range dans le textile, dans le commerce
J’ai plus trop le sens de l’humour, j’ai même pas l’sens des affaires
Passer du rap aux sapes, j’ai pas l’impression d’être à ma place
Je fais même pas cash, je tourne en rond comme un lion en cage

Je tarde dans la nuit pour chasser l’ennui
Je tire sur la corde, pour me sentir en vie
J’ai peur du vide alors je me rempli
Alcool et weed je m’enfuis, je me détruit

Black out sur black out, burn out sur burn out
Mon corps et mon esprit flanche, cette fois je suis gravement malade
Putain de maladie inconnue, mon oeil droit ne voit plus
Bloc opératoire, psychiatrie, et chimie très mal vécu

Mais je ne chiale pas parce que je suis trop sentimentale
Mais j’avoue parfois je m’inquiète pour ma santé mentale
Ma fille grandi avec un père a moitié là, je me sens mal
Mais je doit repartir, je veux pas retourner à l’hopital

Le traitement marche, je crois que je suis guéri, voici l’heure de la pandémie
J’ai tout perdu, il me reste que mes dettes et très peu d’amis
Seul face à moi même comme si un miracle s’était produit
Petit à petit j’ai repris gout à la vie

Aujourd’hui, rien que je taf, rien que j’écris
Depuis, rien que j’avance, rien que je vie
Maintenant, rien que j’ y crois, rien que j’y suis
Tout ceux qui m’aiment le savent, que ceux qui m’aiment me suivent